Création Installation Danse Image Son Lumière
Montpellier Danse 2010
Du vendredi 25 au mardi 29 juin 2010,
de 17h à 20h,
à la Chapelle de la Miséricorde, Montpellier
MÉMOIRE
« Le rituel d’une enfant – un an et demi jusqu’à l’âge de 4-5 ans – assise sur les genoux de sa grand-mère, chaque soir, à la même heure, après le repas du soir, et avant d’aller se coucher en toutes saisons, qui regarde la mer Méditerranée en Algérie. Ça dure immuablement au moins une heure et c’est en silence, sans parole. Observer le même bout de mer, le même bout d’horizon, par tous les temps, entre chien et loup, lorsque la nuit tombe, jusque dans le noir. Nous habitions un cabanon qui donnait directement sur la plage. Ne rien faire, être là, dans la chaleur du corps de l’autre. Scruter ou pas, voir ou pas, chercher ou pas les changements de couleur, inventer ou non ce qui disparaît ou apparaît. Le rythme, les bateaux, les vagues, les oiseaux, le vent, la lumière. Contempler, peut-être. Ne rien attendre à part la nuit, les étoiles. Voir les détails ou non, la globalité du paysage, de la nature, de la beauté. Être entre ennui et vide, bien-être et inconnu. Être dedans soi, en dehors de soi, ne plus être soi, être yeux, peau, museau, oreilles, être animal aux aguets, être caillou, être vagues, dans la suspension, le rêve éveillé, ne plus savoir qui on est, ce qu’on fait, être là. Entre gravité et légèreté. Ce qu’on ne nomme pas, ce qu’on ne nommera jamais parce qu’il n’y a pas de mot pour décrire cette suspension du temps et de la nature. J’ai dit que je vivais comme une vagabonde, sur les rochers, la mer, le sable, le soleil, portée par l’amour de Paule Peurière, femme de silence. »
ALGÉRIE
N’étant pas historienne, le regard en jeu sera avant tout celui d’une artiste en quête de mémoire vivante, tous les pores ouverts pour écouter ce qui se vit, se murmure au sujet de cette affaire algérienne concernant tant d’êtres humains de chaque côté du bassin méditerranéen.
1962 – 2012 : 50 ans ! Le bon laps de temps est enfin arrivé pour prendre la parole sans trop d’émotion ni de ressenti. Que la pensée puisse s’exercer et se partager avec tolérance et intelligence. Née en Algérie en 1952, j’ai réalisé en compagnie de Nicolas Barillot, une série d’entretiens témoignant du vécu, de l’histoire de personnes concernées directement par cette indépendance. Je n’ai entendu que des retours, certes intenses, souvent bouleversants mais aussi divers, multiples, complexes et surtout lucides, faisant la part des choses grâce aux effets du temps écoulé. Il y a désormais un espace, fragile mais possible, pour que ces témoignages s’expriment avec précision et discernement sans esquiver la force du passé et les incertitudes du présent. Comme si dire, parler de cette histoire ratée, tragique pour la majorité des personnes rencontrées, était essentiel pour eux, pour nous tous et les générations à venir.
À LA MISÉRICORDE
À décrypter, une danse solo sur la mémoire enfouie. À entendre et à écouter, un ensemble de paroles complémentaires et ouvertes, une collecte d’entretiens, témoignages de neuf personnes ayant vécu l’indépendance de l’Algérie, effectuée à Montpellier à partir de l’automne 2009. À percevoir, la lumière du jour apprivoisée. En avril dernier, un voyage à Constantine et dans les Aurès a permis de photographier et filmer cet endroit emblématique de la guerre d’Algérie. À voir et à regarder, une installation photo de ces paysages. À accueillir, l’émotion de l’animal provoquée par Hops, l’âne blanc, accompagnée par la jeune Martha, son amie.
Concrètement, l’écriture originale de la pièce est de 3 heures. Compte tenu de la petite jauge - 30 personnes - de la Chapelle de la Miséricorde et pour respecter, voire anticiper la réaction du public, 3 entrées, à 17h, 18h et 19h, sont proposées. L’idée étant de laisser au spectateur le choix de son propre temps et d’imaginer qu’une personne du public puisse partir au bout de 20 minutes comme rester les 3 heures durant.
Son : Nicolas Barillot
Danse : Régine Chopinot
Image : João Garcia
Lumière : Maryse Gautier
Hops, l’âne blanc d’Egypte et Martha Barillot, son amie
Régie : Véronique Bridier et Gianni Fornet
Merci à chacune et chacun pour les témoignages
Production : Cornucopiae
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2010
Avec le soutien de CulturesFrance
Durée : 180 minutes